La naissance du concept de la sublimation chez Freud
ou la théorie freudienne de la sublimation
La naissance du concept de sublimation chez Freud
Auteure de l’article :
Caroline COUDRAY Psychothérapeute à Montpellier et Gignac
Une théorie sulfureuse en son temps
En 1905, Sigmund Freud écrit les trois essais sur la théorie sexuelle. Il s’avère que ce livre provoque un véritable cataclysme pour son époque. Il y développe une théorie complètement novatrice et de fait, plutôt choquante pour son époque, celle d’un enfant non. plus innocent et plein de candeur, mais tout au contraire celle d’un être qu’il qualifie de pervers polymorphe. Il développe ainsi l’idée que l’enfant peut mentir, aguicher et qu’il cherche l’autosatisfaction érotique, ce qui est jugé comme étant inadmissible par nombre de ses confrères. Ses propos sont jugés être une attaque à l’enfance.
Dans le détail..
Pourtant, il me semble intéressant de m’arrêter sur les caractéristiques de la sexualité infantile décrite par le père de la psychanalyse. Pour lui, l’auto érotisme commence très tôt dans l’histoire de l’enfant, car la succion du pouce dans le ventre maternel est une première forme de réassurance. Plus tard, l’enfant tirera une jouissance de son corps par d’autres moyens : succion ou masturbation des zones érogènes, comme le clitoris ou le pénis. Se met en place la notion d’étayage, c’est à dire la relation existante entre les pulsions sexuellement les pulsions d’auto conservation.
Freud définit les différents stades de l’activité psychosexuelle de l’enfant en les nommant : stade oral, stade anal et. stade phallique. Le premier stade concerne le fait de porter à sa bouche tous les objets qui l’entourent créant une dépendance de jouissance liée à la différenciation et à la masturbation. L’exemple ainsi donné du suçoteront dans la sexualité est primordial. La nutrition se décalque sur le mouvement des lèvres qui deviennent une zone érogène dont l’objectif est de se procurer un plaisir autoérotique qui se produit avant la sensation de faim.
Après avoir vécu les différents stades définis par Freud, toujours selon sa théorie, l’enfant entre dans une période dite de latence; période située entre la petite enfance et l’adolescence; les désirs d’ordre sexuels sont mis en veilleuse. L’enfant organise. sa vie, forge sa personnalité et connait l’enrichissement de sa psyché avec de nouvelles notions comme la pudeur, le dégout, l’aspiration esthétique ou moral. C’est à ce moment-là que commence à se mettre en place la sublimation : la pulsion sexuelle est déviée sur un autre sujet.
Une question d’énergie
En ce qui me concerne, cet objet est mon gout pour la lecture. Je pense que la sublimation peut apporter de grandes satisfactions, car la libido (c’est à dire l’énergie des pulsions à la fois instinctive et endogène) est déplacée sur un objet socialement valorisé. A d’autres âges, la libido est cette énergie qui vient du corps et qui pousse à la recherche de la satisfaction sexuelle et est liée aux zones érogènes qui sont alors stimulées dans le but de se procurer du plaisir.
Freud estime que pendant la période de latence, l’énergie sexuelle est utilisée à des fins autres que sexuelles : c’est le détournement qu’il désigne sous la notion de sublimation. Dans le Nouveau Dictionnaire de la Culture Psy, Eric Ruffiat psychanalyste, écrit que: « la période de latence (…) est la période de développement de la vie sexuelle de l’enfant qui se situe entre 6 et 12 ans environ, soit après la fin du complexe d’Oedipe. Pendant cette période tous les acquis des phases précédentes semblent tomber dans le refoulement le plus total ». En effet, pendant la période de latence, l’énergie sexuelle est inutilisable par l’enfant mais pas inutilisée : inutilisable car l’enfant n’a pas développé de capacité reproductrice, mais utilisé vers d’autres objets.
L’énergie sexuelle désigne la libido : une énergie psychique, instinctive, et endogène qui pousse à la recherche de satisfaction sexuelle, c’est à dire liée aux zones érogènes. Ce détournement qui existe chez l’enfant en période de latence se retrouverait aussi chez l’individu isolé.