Lors de l’accomplissement du complexe d’Oedipe, c’est le Moi qui est affecté. On construit alors son idéal du Moi. « L’idéal du Moi se caractérise au contraire par une relation plus distanciée aux idéaux et aux objets parentaux, correspondant au dépassement des phases les plus précoces du développement, et notamment de la période oedipienne. » En effet, l’influence de la religion se rapproche d’une influence « parentale ». Pour l’aspect religieux, c’est à dire l’institutionnel, le cadre et l’organisation, la religion revêt un aspect paternel qui influence le Moi : un idéal de toute puissance, basé sur le narcissisme infantile c’est la projection mentale de ce que l’on est, perçue à travers le prisme du narcissisme. D’autre part, le sentiment religieux sollicite plutôt l’idéal du Moi : le corps institué de rites, textes, chants et cérémonies qui composent toute religion, induit un idéal positif et inspirant vers lequel le narcissisme veut tendre. Cet idéal du Moi, lui, se rapproche du sentiment inspiré par la figure mère.
Dans TOTEM ET TABOU, puis, dans L’AVENIR D’UNE ILLUSION, Freud dégage les deux axes autour desquels la religion impact la formation de l’idéal.
D’abord, l’axe de l’angoisse devant la culpabilité : l’homme invente une religion comme panacée à l’égard de la culpabilité qu’il ressent, processus proche du délire psychotique.Finalement l’angoisse de culpabilité ressentie face au complexe oedipien trouve sa réponse dans la religion. Par exemple, la religion catholique transcrit à sa manière la faute originelle de la culpabilité à travers le mythe d’Adam et Eve, tout en apportant une voie d’allègement de la culpabilité via une marche à suivre, en l’occurence les 10 commandements.
Puis ,dans L’AVENIR D’UNE ILLUSION, Freud analyse la religion chrétienne comme la recherche par le croyant d’une protection derrière la figure du père (qui en réalité se rapproche davantage d’une figure maternelle).
En synthèse, la religion apporte à la fois une voie de déculpabilisation, ou au moins une voie d’autoflagellation libératrice ; et à la fois une figure parentale terrible et miséricordieuse. En revanche, du point de vue de l’épanouissement personnel qui nécessite l’existence et la disparition de pulsions jugées déviantes, le religieux constitue une chape de plomb. En empêchant l’assouvissement de pulsions, en les refoulant sans toutefois les faire disparaitre : un refoulement par l’angoisse.
Suivre les enseignements de la religion engendrée à terme, un rapport destructeur envers soi même causé par le religieux.
Se faisant, la religion perpétue une contrainte dont le sujet se serait débarrassé rapidement autrement.
La figure parentale, celle qui pose les premiers interdits, devient une autorité moralisatrice de chaque instant, vouée à rester ancrée en soi pour toujours. Pire, le contrôle opéré par la conscience religieuse est d’une profondeur et d’une intensité sans pareil : la différence entre la soumission au Surmoi et la soumission aux parents, c’est qu’au Surmoi, on ne saurait cacher ses intentions..
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